Marche…ou brève n°7

La nuit a été bruyante, l’albergue n’est pas très loin d’une route nationale et je ne suis plus habitué à avoir un bruit de fond.
Beau temps frais, c’est bon pour le marcheur au long cours.
Il y a des similitudes entre un petit marin et un petit marcheur, des moyennes comparables : 25km/j pour le marcheur, 25 nœuds de vent pour le marin – 12,5kg pour le sac du marcheur pour 12,5m pour le bateau du marin…

Traversée de plusieurs villages où c’est jour de lessive : les lavoirs sont fonctionnels et en activité, les femmes y font la lessive des draps et couvertures.

Le chemin suit la voie de chemin de fer : c’est plus calme que la nationale mais plus fatiguant pour les pieds.


OLa campagne se densifie, Porto n’est qu’à 75km, 3 jours de marche pour moi, 1 heure le matin pour les esclaves du travail de la grande banlieue de Porto. Le chemin passe par des lotissements proprets.


Et puis traversée d’un vieux village, Caniços, bien venu pour une pause.

Et puis marcher, marcher et encore marcher : est-ce la fatigue qui se fait sentir ou le marcheur solitaire qui s’écoute trop ?

Enfin San João de Madeira, la ville industrielle, capitale du chapeau et de la chaussure, qui s’est étalée à souhait. La traversée des friches industrielles n’estompe pas la fatigue…

Enfin après avoir longé un vaste hôpital, arrivée en centre ville. Pas d’albergue mais une « Casa da Misericórdia » : ça devrait faire l’affaire.

Je rentre dans le sas d’accueil et prends mon tour ; en face du guichet, un vieux sofa, je pose le sac, m’assois et…m’endors ! Je n’ai même pas entendu la fin des conversations. La dame du guichet me tape sur l’épaule et me demande ce que je veux : un coin pour dormir ?

Admission faite en bonne et due forme, elle me conduit dans une très très grande pièce où sont réunis environ 80 vieilles personnes qui en fauteuil, qui avec des cannes…
Bref un senior ou un senhor de plus ça ne fera pas une grosse différence et demain matin je pourrai me sauver en catimini, ça ne se verra pas.


Elle m’invite à descendre au sous-sol : là une salle vide (40m2) avec dans un coin une pile de matelas, dans l’autre une armoire avec oreillers et draps, me demande si ça ira. OUI..
1/4h après, le lit est fait par terre, extinction des feux, plus un bruit.
Qu’est-ce qu’on dort bien à l’hospice !
Étape du jour 6h45 pour 24km.

.Après une très bonne nuit à l’hospice Santa Casa da Misericórdia. Il est temps de partir. Temps couvert, vent froid.

Ultria, le voyage continue.
Mes derniers compagnons de route (2 australiens et 1 canadienne) m’ont quitté. Ils ont rallié Porto en bus pour se donner du temps de visite.
20 mn après le départ, la pluie s’est mise de la partie. Ça durera toute la journée sans arrêt : vive le poncho

Belle église à la façade couverte d’azulejos

Lors de la traversée de Lourosa, j’entends du bruit dans un hangar d’environ 50m2. Je vais faire mon curieux : c’est un atelier de fabrication de bouchons de liège (5 personnes y travaillent). Ils sont très gentils, me montrent leur machine et me donnent un bouchon en souvenir.

La marche se poursuit le long de la nationale et toujours sous la pluie : l’horreur !

Entre temps je suis passé devant une fabrique de statues : j’ai bien failli acheter un st Jacques mais…


A l’arrivée à Grijo, un petit verre de vin de Bairrada sera le bien venu.
L’hospitalière a 19 ans et déjà plusieurs chemins à son actif : bravo.

Une pèlerine arrive emballée dans un sac poubelle : mieux que d’être trempée, non ?

18 avril. Enfin le beau temps, cela fait du bien. Le chemin est rapidement en campagne.
Dans les villages des sacs de pain frais sont accrochés aux portes des maisons, le boulanger est passé : c’est bien tentant.

Le chemin devient très sauvage (et pas très propre) et tout d’un coup on voit la mer : ça fait longtemps depuis Lisbonne !
Coup de téléphone de Flo (je sors le kit main libre) : on va papoter et faire 3km ensemble.
Les faubourgs de Porto approchent.

Il fait faim, il est temps de goûter les tripas à la mode de Porto et le gâteau de Pâques ; la bacalhau ce sera pour ce soir.


Entrée en ville par le pont Eiffel. La vue est somptueuse.

Porto et le Douro

Arrêt à la cathédrale Sé pour un temps calme. J’achète un nouveau crédential (le passeport du pèlerin) car le mien est archi plein de tampons et n’a plus de place libre. Je visite le cloître.

La cathédrale Sé

Ensuite direction l’albergue Casa diocesena de Vilar où je prends la dernière place : il était temps que j’arrive !

Je suis à 10mn à pied du centre ville : un lit et une douche chaude pour 7€ !

Dans la chambrée, il y a une pèlerine Florence… de Mazamet qui arrête son caminho à Porto. Le monde est petit non ?


L’étape du jour aura duré 6h10 pour 18km. C’est pas rapide. Fatigue ?
Depuis Lisbonne j’ai 437 km au compteur GPS. Mais le chemin n’est pas encore fini jusqu’à Santiago.

Vendredi 19 avril. Aujourd’hui, changement d’albergue via Portuscale (côté sortie de Porto).
Repos : il y a encore beaucoup de chemin à faire pour Santiago (260km annoncés). Départ demain au chant du coq.
Donc pas de visite de la ville, pas de visite de la fameuse cave Taylor ni dégustation, ni la librairie Lello, ni le hall de gare pour ses azulejos, ni un tour en vieux tram pour le fun…rien de ce qui était prévu : Il faut dire qu’il pleut.

Le pèlerin restera à l’abri.

Très bonne fête de Pâques à vous tous. Rendez-vous le 22 avril.

3 thoughts on “Marche…ou brève n°7

  1. Bonnes fêtes de Pâques Marc. Tu approches du but. Merci pour les photos, cela fait envie. Bon courage pour la suite mais je vois que tu assures comme un vrai pélerin.
    À bientôt,
    Bises
    Claudette

  2. Courage… chaque pas te rapproche de St Jacques ! Nous espérons que le ciel va être plus clément pour la fin du périple ! Les belles photos de Porto nous ont rappelé un très agréable séjour !
    Bonne fête de Pâques à toi courageux pèlerin.
    Bises.
    M.Paule et Dany

  3. Mais oui c’est une saine et logique fatigue ….ratiboise quelques secondes par ci par là, souffler sur chaque pont et je comprends bien la porte de l’albergue comme celle d’un ciel (ciel, dormir mon zami). Tu ne dis pas ce que tu as mangé à la casa Misericordia ou bien j’ai zapé.
    Vu l’ORL cette après-midi, l’oreille n’a plus rien.
    Belles vues de Porto…C’est parti pour Santiago
    Courage courage (comment vont les pieds ?) Bises

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