Brèves

La tempête.

Fin de la nuit, vers 4h du matin. Un coup de vent soudain me réveille. Les nuages massés encore loin à l’ouest la veille au soir sont maintenant juste au dessus de nous : le grain est là ! Balloté comme un bouchon, le bateau grince et souffre sous les bourrasques. Le vent siffle dans les haubans nus, les voiles ont été descendues et repliées. Un éclair zèbre le ciel noir et c’est le déluge : la pluie s’abat violemment sur le pont et crépite avec force, noyant les hublots. De longues minutes durant on ne s’entend plus respirer tant le bruit est fort. Dans la cabine avant, le capitaine dort : est-il donc si fatigué qu’il n’ait rien entendu ? Il va bien falloir le réveiller pour qu’il s’assure que tout va bien. Mais s’il est si calmement endormi… c’est que nous sommes solidement retenus par six aussières fermement attachées au ponton. Le grain peut bien continuer sa route et nous la nôtre : pas de danger pour l’équipage ! Après un quart d’heure, le vent mollit, l’averse se calme et pleure doucement. Quelques gouttes s’infiltrent le long des joints anciens et se glissent dans la cabine. Pas grand chose à faire sinon se rendormir…