La finale de rugby.
Le 23 octobre a eu lieu la finale du Mondial de rugby dans laquelle la France était confrontée à la Nouvelle-Zélande, la crème du rugby mondial, excusez du peu ! Les All Black, comme on les nomme en raison de leur maillot noir, sont de dangereux adversaires dont la réputation n’est plus à faire. Nous, nous sommes arrivés en finale sans gloire, après bien des déboires et de pâles matches qui n’ont pas fait vraiment honneur à l’Équipe de France… jusqu’à la demi-finale où elle a battu nos meilleurs ennemis, les Anglais, enfin un résultat tangible et mérité. La veille du match il fut décidé que tous les amateurs (et même ceux qui ne l’étaient pas mais par souci patriotique sans doute) se donnaient rendez-vous à 8h le dimanche matin (décalage horaire oblige) dans un des bistrots du port pour assister au match sur grand écran tout en prenant le petit-déjeuner. Beaucoup de voisins venant comme nous du sud ouest, la patrie du rugby, nous étions tous fortement sensibilisés. Le matin donc nous arrivons près de nos voisins de pontons, déjà attablés devant des jus d’orange frais. Une majorité de Français bien sûr mais par extraordinaire, il y avait aussi quelque trois ou quatre Néo-Zélandais. Les drapeaux nationaux flottaient près des fauteuils et l’ambiance s’annonçait festive, dans l’espoir inavoué peut-être que le grand nombre de Français par rapport aux représentants des Blacks préfigurait déjà le score final… Le match s’engage et « les petits », comme les surnomme tendrement un des commentateurs, se battent comme des lions, avec l’énergie du désespoir, donnant là leur meilleur. Parallèlement les matinaux équipages enfournent croissants et pains aux raisins, ou, à la marocaine, œufs au plat, tapenade, crêpes ou pain beurré, suivis de grandes lampées de café fumant ou de thé à la menthe. Les assiettes et les paniers se vident au rythme du match : avec entrain et détermination ! Les commentaires vont bon train, fustigeant parfois l’arbitre, ponctués comme à l’ordinaire lors des grands matches de râleries, de jurons ou de cris de dépit ou de colère ! Les tricolores ont beau batailler ferme et défendre leur honneur, après quatre-vingt minutes le sort des Français est scellé. Nous perdons 8 à 7 mais ce fut un grand grand match de l’équipe nationale. Alors quelques voix néo-zélandaises sortent du lot des récriminations contre l’arbitre et avec un bel enthousiasme mais aussi une grande modestie, lèvent le drapeau national. Nous sommes allés les saluer en reconnaissant sportivement la toujours inégalée supériorité des Blacks. « Congratulations » !