Marche…ou brève n°6

Nuit plutôt bizarre à la pension Serenita, une nuit pas comme les autres.
Dans les albergues, les pèlerins (moyenne d’âge 60ans) dinent à 18h30 et se douchent à 20h, extinction des lumières et ça dort. Mais ici c’est ambiance 25-30 ans, le sac, les chaussures, tout pareil…mais je ne les ai jamais vus sur le chemin. La douche à 20h00 idem mais personne ne rejoint son lit. Comme pour le chemin, je ne sais où ils sont partis. Les lits se sont agités plus tard (ou tôt) dans la nuit.

Départ de Coimbra à 8h00 depuis la cathédrale Sé, direction porte Amedina (clin d’œil au passé arabe du pays : medina, la ville !), l’église Santiago.

La cathédrale Sé

Place du commerce les puciers s’installent. La ville n’est pas encore tout à fait réveillée. La sortie de la ville est facile.

A quelques centaines de moi deux pèlerins marchent d’un bon pas.

Je me mets en tête que ce sont des Français, j’accélère, je les rattrape. Ce sont deux Australiens (un père et sa fille) et me voici parti en anglais. Le père est content que je sois là : je ralentis la marche forcée de sa fille.

Le chemin n’est pas agréable sur ce tronçon : on marche le long d’une route goudronnée. Au bout de 2h30 et 10km de route, pause syndicale au café de Trouxemil. Après les habituels 2 cafés, sandwich jambon et gâteau on file. Comme dit le père australien en montrant sa fille : « quand le chef se lève, on est reparti ! »

Traversée de plusieurs petits villages où beaucoup de maisons sont abandonnées ; les oranges dans les jardins pas ramassées mais les chapelles sont encore bien entretenues.

On dépasse le village de Mealhada et on s’arrête à l’auberge de Sernadelo.
6h50 de marche et 26km : ce sera suffisant pour la journée.
Le repas du soir sera pris en commun : 2 Australiens, 2 Belges, 1 Croate, 1 Anglais et moi. Un improbable échantillon de la planète Terre.

J’aurais aimé goûter la spécialité du coin : le cochon de lait à la broche de Bairrada. Mais ce ne fut pas possible : il faut être 4 à en commander pour que le cuisinier le prépare et je n’ai pas réussi à fédérer.

14 avril. Départ de Sernadelo 7h30. Pas de petit-déjeuner à l’albergue et beaucoup de commerces fermés : c’est dimanche.
Traversée d’une forêt d’eucalyptus. C’est un régal de s’arrêter de marcher et d’écouter le silence. Ce matin j’ai repris ma marche solitaire : c’est moins rapide mais plus libre ; arrêt photo, arrêt silence, arrêt tout court, pause syndicale et petit café…

Arrêt pour le petit-déjeuner au village d’Aguim qui prépare le dimanche des Rameaux. La chapelle est ouverte, propre, fleurie et les rues du village sont couvertes de rameaux jusqu’à la chapelle.

Là encore plein de vieilles maisons abandonnées : quelle tristesse ! Une maison abandonnée c’est la fin d’un projet, d’un amour, d’une vie…

Au village de Borao au contraire les édifices et les habitations sont pimpants.

Le pays est connu pour sa production vinicole (AOC). Le Chemin passe devant la propriété Rota do Vinho da Bairrada. C’est fermé : on fera la dégustation ce soir.

Águeda : terminus. 7h40 de marche et 27km de plus dans l’escarcelle !

Albergue Antonio : accueil superbe, l’hospitalière est adorable et le cadre fantastique.

Le repas commandé est un régal (brandade de morue) pris avec presque les mêmes marcheurs que la veille, arrosé du vin du pays +++ très bon !

Santé !

Étape 18 : déjà le 15 avril. Très bonne nuit bien calme. Lever au point du jour, réveillé par le chant du coq : c’est super agréable.

Petit-déjeuner à l’albergue. Il est urgent d’attendre car il pleut des cordes « raining cats and dogs » disent les Anglais. A 11h00, il faut prendre une décision : je ne vais quand même pas encore rester au bistrot. Housse sur le sac, poncho sur le pèlerin et je pars, sous la pluie, le long d’une route nationale. Ça ne vous fait pas rêver : moi non plus !

Le pas s’accélère, on baisse la tête, on ne voit rien, donc pas d’arrêt photo ni autres prétextes pour faire un stop. Le record de vitesse est battu : 11km en 2h00 !

Traversée de Pedacaes, puis enfin chemin en forêt, puis de nouveau le long d’une nationale, toujours sous la pluie.

Pause syndicale à Serem, repas dans un bistrot et une demi-heure plus tard c’est reparti.
Traversé une forêt d’eucalyptus, des ornières et des flaques partout, de quoi regretter de ne pas avoir pris maillot de bain, palmes, masque et tuba.
Ce qu’il y a de bien, avec un temps comme ça, c’est que les « Coquillarts » ne sont pas de sortie. Les Jacquets qui portent leurs coquilles ne risquent pas d’être attaqués au coin du bois. Ils peuvent marcher tranquilles.

Encore faut il ne pas perdre son chemin et bien suivre la signalétique européenne. Le jaune en direction de St Jacques est le symbole du chemin.
Encore un petit effort, et ça y est. Arrivée à l’albergue de Albergaria a Nova
(5h30 – 23km)
J’ai ouï dire que dans certaines albergues l’hospitalier te passait la main dans le dos pour voir si tu arrivais bien à pieds et si tu transpirais. Ce soir, il aurait pu le faire : le dos et même le bas du dos était trempés. Pour le slip mouillé, ne me dites pas que c’était des fuites…c’était des infiltrations !
Pour la lessive c’était pratique : le pèlerin habillé direct sous la douche. J’ai vendu le procédé à mes amis australiens sous le terme « lessive à la portugaise ».

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Quelle tristesse ce soir de voir Notre Dame en feu : dire qu’elle venait de fêter ses 856 ans. La télé a tourné en boucle toute la nuit sur l’incendie jusqu’à ce que soit annoncé que le feu était sous contrôle.

ND de Paris en flamme (crédit photo La Croix)

Ici, dans cette région les incendies sont monnaie courante. Il y a beaucoup de grandes forêts. Deux essences d’arbres y sont particulièrement représentées : les eucalyptus et les pins maritimes, matières premières de l’industrie papetière.
Tous ces incendies ont suscité de nombreuses vocations de pompiers. Et quand il y a un incendie quelque part, le cœur d’un bombeiro bat la chamade.

La suite le 19 avril.

Marche…ou brève n°5

Étape 11 : Rabaçal – Conimbriga – Cernache. Déjà 247km au compteur en ce 10 avril. Le moral est très bon, le corps s’habitue doucement à l’exercice et le sac est supportable. Le plus dur c’est peut-être la pluie (assez présente en début de semaine)… Mais tant de rencontres sympathiques.

Hier soir fromage local, très bon et repas typique. On ne meurt pas de faim au Portugal, c’est bien connu.

Départ de Rabaçal 8h00 après petit-déjeuner à l’albergue.

Tout de suite dans l’ambiance « camino » paisible, en pleine campagne.
Il fait frais mais il ne pleut pas. Au bout de 2 heures un Portugais m’arrête et me donne mon poncho ! Je ne sais pas d’où il arrivait mais il m’avait doublé sans que je le vois. J’ai retrouvé mon poncho sans l’avoir perdu.

Toujours pas de St Jacques. Je le traque dans sa version XIIIème siècle en vieillard barbu et majestueux, un livre à la main comme à St Sernin à Toulouse ou en martyr décapité, le glaive à côté comme à Chartres ou à Notre-Dame de Paris.
Dans sa version XIVème en pèlerin le bourdon d’une main, le livre dans l’autre (comme à Puente la Raina) ou sa version hybride du XVIème mi-apôtre mi-pèlerin (comme au musée des Augustins à Toulouse).
Dans sa version après XVIème en pèlerin accompli avec pèlerine, chapeau à bord relevé, coquille, besace et bourdon.
Même dans la version matamore de 850, le tueur de Maures sur son cheval blanc donnant du courage aux Templiers pour la Reconquista…

Et le voilà enfin, St Jacques ! Un panneau en azulejos à son effigie en pèlerin.

Mon GPS me confirmait bien que j’étais sur son chemin mais je commençais à en douter !

Les boîtes aux lettres des maisons sont amusantes (plein de modèles différents). Vu l’église de Fonte Corbeta et passé un pont du XVème.


De nouveau traversée de la campagne puis arrivée à Conimbriga où je visite les ruines de la ville romaine et le musée.

A force de suivre la voie romaine on ne peut que traverser des villes romaines. Celle-ci est très bien conservée suivant un urbanisme typiquement romain du 1er siècle avant JC : plusieurs villas, bains, mosaïques, murailles…

Le musée romain est intéressant aussi.

Le chemin continue mais je me fourvoie et prends celui du trail régional. Ça monte et monte encore, 300m de dénivelé et au bout de 2 heures, épuisé et réalisant mon erreur je rebrousse chemin. Je me perds et pars au travers des fourrés en entendant le bruit de la circulation routière. Oups ! A la sortie du dernier bosquet je me retrouve sur la route au milieu de filles attendant dans leur voiture…Mais j’étais sauvé. J’ai suivi la route en direction de Cernache. 8h30 de marche pour 26km.

Seul à l’auberge : ça fait bizarre car la maison est froide, humide et dormir au milieu de 25 lits vides…
Bref il est temps de prendre la douche et dormir.

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Jeudi 11 avril. Coimbra prochain arrêt.

A 8h00 je tire la porte de l’albergue avec l’idée de prendre un café 50m plus loin dans le plus vieux bar de la ville, le très célèbre bar Hortense. La patronne y sert à toute heure un verre de lait…

Pas de chance, le bar est fermé. Bon Camino, je continue mon chemin.
100m plus loin session de rattrapage : la boulangerie est ouverte, j’y entre et qui j’y retrouve ? … Niels qui s’en va.
J’y prends mon petit dej : 2 cafés au lait, un sandwich jambon, un bolo, un pastel… tout ça pour 4€ et c’est parti .
Au lieu-dit Jantesta, une petite église est ouverte, j’y entre. Deux femmes sont en grand recueillement et là dans un moment de calme absolu, mon téléphone annonce d’une voix sépulcrale digne d’un baryton « 2 heures vous avez fait 4,15km ». Totalement pris au dépourvu et très gêné ne sachant quoi expliquer, l’ambiance étant ruinée, je suis parti, piteux.


Le chemin est détrempé avec de nombreuses flaques et encore une fois je me suis perdu. Pour me remettre sur la voie au plus court je traverse un champ puis un jardin au bout du champ. J’aperçois le chemin derrière le muret de clôture, mais devant le muret, une niche. Je passe en mode furtif…mais un cabot qui devait dormir d’un œil sort d’un bond de chez lui. Qui a dit qu’après 60 ans on n’était pas rapide ? Je fais un bond aussi, plus rapide que le sien, passant le muret de justesse.

Le problème c’est que derrière, il y avait un caniveau et là patatras je fais un roulé-boulé et me voilà sur le sac pattes en l’air. Le chien lui pose ses pattes avant sur le muret, ricanant de ses belles dents blanches. Je me relève : rien de cassé, le pantalon pas déchiré mais sort de la maison la patronne furieuse à qui je dis un « Bon Dia » tonitruant, demandant aussi sec où est le chemin de St Jacques de Compostela. « C’est pas ici, c’est en Espagne ». Impossible de m’en sortir.
Je reformule ma question : « Où est le chemin pour Coimbra ? »
Elle veut que je prenne la «camioneta », m’amène à l’arrêt de bus et me donne en pièces jaune 1,35€. Je refuse, lui montrant que j’ai de la monnaie. Elle retourne vers sa maison et moi je continue mon chemin. Plus de peur que de mal.

Du haut de la colline en arrivant sur Coimbra on a une très belle vue.

Vue de Coimbra

A mi-colline en descendant, un petit bistrot où une halte s’impose après toutes ces émotions. Et devinez qui est dans le bistrot ? … Niels

Arrivée à Coimbra après 3h30 de marche et 12km.

Ce soir nuit à l’albergue du couvent de Santa Clara a Velha (bâtiment du XIIIème sans chauffage) et repas avec 4 Calabrais de Sylla.

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Pause touristique en ce 12 avril. Pérégrinations à Coimbra. Suivez le pèlerin St Jacques version nain de jardin et nez rouge. Drôle mais pas flatteur !

8h00 Petit déjeuner au bistrot à côté : de quoi tenir le rythme !

et c’est parti, sac au dos, car le règlement de l’albergue n’autorise pas un pèlerin à rester 2 nuits.
Visite du couvent de Santa Clara-a-Nova (XVIIème) impressionnant par sa longueur, un monument notoire de l’architecture baroque portugaise.

Traversée du Rio Mondego (non, pas à la nage) : il suffit de passer le pont et là on est au pied de la vieille ville.

Je voulais faire repos aujourd’hui mais ça commence par une bonne grimpette pour aller rejoindre Se Velha la cathédrale du XIIème.

A l’intérieur une statue de ND du Rosaire, de superbes azulejos et un beau cloître. C’est une des rares églises de la Reconquista, ce mouvement de reconquête du XIème au XVIème siècles par le monde chrétien de la péninsule ibérique et des Baléares occupées par les musulmans.

Juste en face de la cathédrale un petit hôtel : j’y dépose le sac pour la journée. On se sent tout nu de continuer sans rien sur le dos !

Coimbra est une ville universitaire réputée : sa très ancienne université (1290) est aussi fameuse que la Sorbonne (fondée en 1253) et aussi fréquentée.

L’université

Les étudiants portent encore une traditionnelle cape noire en uniforme. Azulejos très jolis dans l’église.

Je pars ensuite visiter l’école et le jardin botaniques. Magnifique bien qu’ayant beaucoup souffert lors de l’ouragan Leslie en octobre dernier qui a abattu de nombreux vieux arbres. Les azalées étaient en fleur. Belles serres du XIXème. L’aqueduc à côté du jardin est une belle réalisation.

Un vague air du parc d’Anduze avec ses allées de bambous…

La journée n’est pas finie. Visite de la nouvelle cathédrale Sé Nova du XVIème faite par les Jésuites et pour eux jusqu’à leur expulsion du Portugal par le Marquis de Pombal en 1772.

Puis balade dans la vieille ville sur un flanc de colline (des airs du quartier de l’Alfama à Lisbonne) ; il y a beaucoup de chambres d’étudiants… ambiance jeune assurée.

Il me reste encore un peu de temps pour aller découvrir l’église Santa Cruz, son monastère, son cloître : un monument à ne pas manquer.

Bon c’est pas tout, demain il y a un dur chemin et l’hôtel-dortoir ce soir ressemble plus à une auberge de jeunesse qu’à une albergue pèlerine. Jugez un peu.

A 20h00 pas de différence : tout le monde est à la douche (Si, une petite moyenne d’âge divisée par 2).
Par contre à 22h00 dans l’albergue tout le monde dort. Là tout le monde sort ! Je garde le dortoir.

Rendez-vous le 16 avril pour la saison 6, épisode 16-17-18.

Marche…ou brève n°4

Déjà 135km parcourus depuis la cathédrale de Lisbonne, souvent sous les averses ou le crachin, parfois seul parfois en groupe, des paysages variés, de belles rencontres, des habitants sympathiques et généreux…c’est beau !

8ème étape – dimanche 7 avril. Départ 7h30. Je fais les 15 premiers km en 4h00. Fraîcheur du matin, chemin bien balisé en terrain légèrement vallonné, nature sauvage. On suit l’authentique voie romaine direction Soianda (belle petite église) puis on enjambe un pont romain

Direction Calvinos pente à 10% : avec la fatigue je lis Calvados…

Pour monter les mollets font souffrir, pour descendre on a mal aux tibias !
Traversée de villages abandonnés : toutes les maisons y compris l’école sont à vendre.

Vila Verde. Arrêt sous un préau d’église repas avec 2 oranges ramassées + 1 pomme partagée avec l’Américain pèlerin d’Alpriate. Puis traversée d’une forêt d’eucalyptus sous le crachin (pas un bruit).

Arrivée au village de Pereiro. Traversée d’une belle forêt de chênes-liège sous une bonne pluie, le chemin suit l’ancienne voie romaine.

L’hospitalier d’Alvaiazere est très attentionné : il imprime avec soin le cachet sur le crédencial (le « passeport » du pèlerin tamponné à chaque étape) et fabrique le mobilier de l’albergue. Il règne une odeur d’encens dès que la porte s’ouvre, ambiance soixante-huitarde.

Repas en commun à 8 au bistrot d’en face. La portion de daube est généreuse : la cassolette est par personne !

Ce soir il y a un Sarde dans la chambrée.

Etape 9 Alvaiázere – Ansiao- Départ 9h15.
Dur dur la montée à 470m pour la mise en jambe en ce début de journée mais beau temps et vue superbe. Traversée d’une zone de causse

Le chemin est étroit et les hautes herbes mouillées par les grosses pluies de la veille ont trempé mes godillots (l’étanchéité du Gortex devait avoir une garantie très limitée).
Grand détour dans la campagne par le GR26 : je ne suis plus sûr de mon chemin mais la balade est belle.


Puis de nouveau l’ancienne voie romaine qui n’a pas la qualité de finition de la voie Apia mais son charme romantique. Arrivée à Vale da Couda.
Traversée d’une oliveraie sous la pluie (le poncho est déjà amorti).
Et de nouveau grand tour dans le parc aménagé de Vale Da. J’ai des difficultés avec mon orientation et je fais plus de chemin que prévu mais il faut dire qu’il y a 3 chemins qui se croisent : celui de Fatima, celui de Fatigue et le GR.
La marche sur un chemin d’éboulis de pierres mouillées n’est pas aisée.

Une vieille maison avec meurtrière et une zone pour taper le blé

Une chapelle de Senhora do Pranto : des effigies et statues de Marie partout à la croisée des chemins mais toujours pas de St Jacques : suis-je vraiment sur son Chemin ?


Et enfin l’arrivée à Ansião après 6h40 de marche et 18,5km. Peu de km aujourd’hui mais cela suffit.
Je retrouve à l’hôtel Niels mon Américain d’Alpriate. Il est assez tôt pour qu’après avoir posé mon sac je visite la ville.

Place du pilori 1680, église ND de la Conception et pont sur le Nabao

Le pont de Cal

Étape 10 : déjà le 9 avril. Voilà déjà 12j que j’ai commencé mon périple.

Départ retardé il pleut trop depuis 7h00. J’ai une pensée pour notre américain Niels qui est parti à 5h00, il doit être bien trempé mais voulait rejoindre Coimbra (30km).

Sous le poncho le sac fait une allure de nabot au marcheur…
Moche mais efficace

Moi comme tout marin qui regarde trop la météo je reste au bistrot…
10h30 je m’arrache : il y a quand même 20 km jusqu’à Rabacal.
Sortie de la ville par le pont de Cal et tout de suite chemin ancestral bordé de murs couverts de mousse (avec ce qui tombe elle se porte bien).

Vu dans un jardin une citrouille énorme qui ne rentrerait pas dans une brouette. Plus loin je trouve par terre le chapeau de Niels…


Le chemin passe en forêt très vallonnée : on monte, on descend c’est chaud pour les mollets. A Alvorge, deux chiens montrent les crocs : c’est encore plus chaud pour les mollets…

Puis de nouveau la campagne : champs cultivés ou serres, moutons dans les champs …

Un beau moulin à vent

Je me fait doubler par une jeune Canadienne.

Arrivée à Rabaçal. 5h20 pour 19km. Je pose mon sac à l’albergue qui fait aussi épicerie de village. L’hospitalière est très gentille et réserve mon repas du soir. Je veux goûter le fromage de chèvre local.

Au musée romain

Je vais visiter le musée romain du coin et là qui je retrouve… ? Niels.
Il me parle de ses malheurs : l’albergue de l’étape suivante était fermée, il a donc fait 5km de plus pour revenir plus la perte de son chapeau…que je lui rends.


Suite du voyage le 13 avril. Merci pour vos divers messages de soutien et d’encouragement.

Marche…ou brève n°3

6ème étape de marche. La première semaine de marche touche à sa fin en ce jeudi 4 avril. De Santarem à Golega. Lisez un peu le journal du pèlerin.

O
Départ 6h30 plaisir d’un lever de soleil sur la plaine. Pose café à 10h00 à Vila de Figera. J’ai perdu une de mes petites bouteilles d’eau.
Traversée de plaines agricoles (choux, patates…) puis forêt de chênes-liège, dont le Portugal est un très grand producteur.

Question : savez-vous comment on appelle une plantation de chênes-liège ? Une suberaie, du nom latin quercus suber.

Dépassé par une pèlerine anglaise étudiante Master de philo. Traversée d’Azinhaga. Très bel aménagement des berges du rio Almonda le long d’un agréable chemin. Hérons cendrés, lotus le long des berges et papyrus du Nil spécialement taillés pour fleurir. C’est beau à voir et reposant.

Arrêt à l’église de San João de Ventosa en pleine campagne. Arrivée à Golegã sous la pluie : le poncho est bien utile et avec la gadoue les pieds sont lourds !

Je suis seul dans l’albergue : aucun des pèlerins qui m’avaient doublé dans la journée. 34km en 10h30.

Vendredi 5 avril : étape 7, de Golega à Tomar.

Départ 8h00 pour une petite étape qui deviendra grande jusqu’à Tomar, malgré moi. En effet , l’arrêt prévu à Aciera à 17km n’a pas été possible car l’auberge (reconversion de l’école communale) vendue sur les guides n’est pas encore finie.
Sortie du village sous la pluie (dur dur de bon matin). Au 1er carrefour je retrouve Lise l’anglaise de la veille et un couple de pèlerins (un chinois Robert + Suzanne ) et c’est parti pour un bout de chemin en anglais, tout le monde marchant à la même vitesse.

On traverse des champs d’oliviers puis le village de San Caetano (course de vitesse pour mettre le poncho 8s avant de se prendre une belle averse).
Petit dej à 10h00 : sandwich jambon et 2 grands cafés mais le patron refuse que je paye ! Les gens sont incroyablement généreux et sympathiques avec les pèlerins : fruits, gâteaux, eau, pain, ou coup de klaxon bienveillant et mots d’encouragement…ils offrent beaucoup à ceux qui marchent.

San Caetano

Puis traversée de Quinta da Cardigan, grosse propriété 1830 quasi à l’abandon mais romantique et pleine de charme, à l’anglaise. Puis après cette immersion dans un autre temps le chemin passe le long d’une petite voie pavée et à partir de là le groupe m’a devancé. A suivi une marche forcée le long d’une étroite nationale mal entretenue dont les nombreux véhicules m’obligent à plonger régulièrement dans les herbes mouillées et à me faire arroser par l’eau des nids de poule : génial !
A Vila Nova de Barquinha, très belle église puis traversée de la forêt d’eucalyptus sans un bruit d’oiseau, que le sifflement du vent et de la pluie en tempête. La terre est boueuse et les pieds sont lourds. Ça monte et ça patauge en bas de la descente : qu’elle idée d’être là ?

Forêt d’eucalyptus traversée en chemin

Dans 2km c’est l’arrivée à Aciera mais là, catastrophe : l’auberge n’est pas encore finie et il grêle (la casquette sous le poncho c’est pas mal).

Au bistrot un retraité Portugais de France me dit que Tomar est à 7km plus 5km pour le centre ville. Cela fait beaucoup de chemin et de temps à la vitesse d’un escargot un jour de pluie.
Bref après 9h30 de marche et 32km me voilà enfin à Tomar à la recherche de l’auberge des pèlerins.

J’y retrouve l’Italien de Santarem qui prépare et m’invite au repas du soir (spaghetti al dente al tonno…un régal ) ; l’Espagnol a amené du chorizo et du jambon et préparé une salade de tomates et oignons ; Jacques le français et moi avons participé à l’achat du pain et du vin et on a invité la Portugaise qui gère l’auberge. L’anglaise a joué la Brexiteuse et a décliné l’invitation.

Samedi 6 avril : pause touristique à Tomar, la ville des Templiers. Un détour par rapport à l’itinéraire le plus court mais un lieu à visiter absolument !

Eglise Sao João Baptiste

Le monumental couvent des Templiers construit au XIIe siècle.

Le château des Templiers est à cette époque-là le dispositif militaire le plus moderne et le plus avancé du royaume, inspiré des fortifications de la Terre Sainte.

Le rio Nabao et son moulin

Eglise Santa Maria dos Olivais

Rue de la synagogue

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Après 7 étapes de marche au long cours 143km parcourus (presque 1/4 du chemin) j’ai constaté qu’il y avait 2 sortes de pèlerins : les Sherpas et les Paschers. Les 1ers sont entraînés, rapides et accompagnés de gazelles et les 2èmes (comme moi) qui vont seuls et tranquillement et sur lesquels on ne mise pas 10 kopeks sur leur arrivée à Santiago !

Rendez-vous le 10 avril.

Marche… ou brève n°2


Jour 4. Lundi 1er avril – De Vila Franca de Xira à Azambura. 24km en 7h30. Tout doucement les étapes s’allongent…

Un mot sur la nuit chez les pompiers : une expérience étonnante mais peu sereine avec les départs des gars, les sirènes, les changements d’équipe, l’odeur des « mecs » en blousons de cuir fumés (dixit le Capitaine)…

Départ vers 7h00 sous un temps frais couvert mais après le petit déjeuner ! Pour 4€, 2 cafés, un bolo, 1 pastel de nata : de quoi tenir le coup ! Visite de la ville : les arènes, le marché, le quartier des pêcheurs mais l’église de la Miséricorde est fermée.

La casa de misericordia

En route le Capitaine est doublé par les Duracell qu’il n’a pas vu venir et a perdu de vue en quelques minutes. Lui double un escargot…

Quelle différence au fond ? Chacun a sa maison sur le dos…mais le Capitaine en bave plus sans doute !

Il traverse Vila Nova de Rainha puis arrive à l’auberge pèlerine. Carlos l’hospitalier est très sympathique, passant du temps avec ses hôtes puis c’est l’heure du repas à l’auberge à côté. La nuit est réparatrice.

Jour 5. D’Azambura vers Santarem : là il a fait fort le Capitaine avec 38km en 11h ! Certes il a pris un solide petit-déjeuner dans l’auberge et la patronne pleine d’énergie les a soignés dit-il : des gâteaux, du pain pour une escouade et …des bises en partant ! Il a semble-t-il trouvé des compagnons de route.

Le temps vire au brouillard, sans vent et deux chiens errants ont embêté le pèlerin durant 20mn. Dans les champs un tracteur avance tout seul (non, il n’a pas la berlue : c’est le progrès !). La campagne est belle et variée : des champs, des vignes… et l’ombre d’un pèlerin solitaire.

Le village de Valada est protégé par une digue pour éviter les crues du Tage et ceux qui sont du mauvais côté passent la passerelle ad hoc en cas de danger.

A Quita de Bura déjà 17km, et si on décide de continuer, il faut aller sans faute jusqu’à Santarem à 18km de là car il n’y a pas de gîte sur ce tronçon. Les derniers kilomètres sont durs : ça monte, il n’a plus d’eau et en plus il a cassé son câble d’alimentation de batterie de secours, donc plus de GPS du coup.

Il arrive cuit mais retrouve ses potes : un Coréen (étonnant, non ?), un Espagnol qui connait des amis de notre famille (encore plus étonnant !). La tablée est joyeuse et le repas bienvenu avec soupe et bacalhau.

Jour 6 : mercredi 3 avril. Après une nuit agitée car mal aux jambes (mais la balade était trop longue sans aucun doute !), le Capitaine a décidé de s’octroyer une journée pour visiter la ville et se reposer.

Après le couvent des Franciscains, pause douceur avec une spécialité du coin, le pampilho.

Le Pampilho de Santarem,
pâte brisée fourrée de crème parsemée d’éclats d’amandes

Vue sur le Tage depuis le jardin Porta do Sol.

La journée du 3 avril fut donc intéressante et reposante : gageons que la suite sera plus sportive.

Rendez-vous le 7 avril.

Marche… ou brève n°1

Jasmin est toujours à Lisbonne mais le Capitaine lui a fait faux bond pour quelques semaines. Non, non ce n’est pas le désamour, juste un projet mûri de longue date.

Il était à l’origine bien décidé à parcourir les chemins de France mais il s’est avéré que depuis Lisbonne la « via lusitana » menait aussi à St Jacques ! Alors pas d’hésitation : il lui fallait prendre la route. Il a donc troqué ses chaussures de pont contre des croquenots de randonneur. 650km d’endurance et de petits bonheurs, de rencontres et de sueur…sans maitriser le portugais et bien trop peu l’espagnol.

Il a commencé son périple le vendredi 29 mars pour environ 5 semaines.

Le premier jour fut une courte étape (8km), depuis la cathédrale Sé de Lisbonne jusqu’à …la marina où passe le Chemin. Coïncidence ou signe du destin ? Pas de sac à dos et gite au bateau assuré. Facile !

Sé, la cathédrale de Lisbonne

Jour 2 : 17km cette fois bien chargé, une erreur d’orientation qui rallonge le parcours de 5km puis l’arrivée à l’auberge où un Américain et deux Belges se sont posés aussi. Pas de berceuse le soir.

Jour 3 : belle balade de 22km le long du Tage où le Chemin serpente entre zones humides et sauvages idéales pour les pêcheurs, mais aussi route asphaltée bruyante. Arrivée à Vila Franca de Xira juste avant la pluie et nuit chez les pompiers !

Le long du Tage

Rendez-vous dans 3j pour la suite. Le moral est bon !

Bateau traditionnel du Tage